« Tant qu’on essaiera d’expliquer l’anorexie en ayant recours aux seules catégories analytiques traditionnelles, sa raison profonde nous échappera. Peut-être parce qu’il n’y a rien à expliquer. Parce que trouver une cohérence dans le fait qu’en semblant choisir la mort on célèbre la vie relève de la folie…
Mais peut-être aussi parce que, à travers certains symptômes, on cherche seulement un moyen de ne pas mourir psychiquement. De ne pas renoncer à son propre « moi ». De ne pas être ce que les autres voudraient nous faire être. »
Alors que j’ai été brutalement confrontée à l’anorexie mentale de l’un de mes proches, ces mots de la philosophe Michela Marzano qui raconte son histoire d’anorexie dans son livre « Légère comme un papillon » m’ont donné une compréhension de l’immense solitude et de désarrois qu’une personne atteinte de cette maladie doit faire face.
L’anorexie est très complexe parce qu’elle est à la fois liée au corps physique, au corps psychologique et neuronal. Les symptômes physiques sont trop visibles pour être niés. Cependant, il est loin d’être évident d’identifier un dysfonctionnement psychologique/neuronal pour le patient comme pour son entourage.
Prendre en compte le cri
Si une existence avec un trouble alimentaire est la seule manière de crier au monde sa singularité et attendre l’autre, alors la rencontre thérapeutique doit être un endroit où ce cri est entendu et accueilli par la présence forte et respectueuse du thérapeute.
Afin de ne pas être effrayé, pris au piège ou effacé par l’intensité douloureuse de ce cri, le Gestalt thérapeute s’ancre dans son propre fond (Zinker, 2002), dans la confiance en son propre sens de soi et se nourrit abondamment du fond riche de ses propres fonctions « ça » et « personnalité ».
Le Gestalt Thérapeute soutient le/la patient(e) avec la pleine présence de son corps et la profondeur de sa respiration, guidé par son propre ressenti pour agir comme une caisse de résonance des émotions de son/sa client(e).
Le Gestalt thérapeute prend le rôle d’un « témoin empathique »
Ainsi il entend les émotions de la patiente sans les corriger. Il est impliqué mais non intuitive. Il ne porte pas de jugement et soutient les expériences. Il ne suggère pas ce que la patiente devrait faire (si, quand ou quoi manger) ou comment il/elle devrait être.
« Chère Anorexie », montre à travers les témoignages poignants de malades et de soignants en Europe, une enquête sensible sur l’énigme de l’anorexie, dont la prise en charge ne cesse d’évoluer.